À l’occasion de l’ouverture de l’atelier-boutique Larutil, j’ai voulu vous partager mon savoir-faire en rédigeant un article sur les techniques de céramique que j’utilise. Dans les objets usuels qui composent ma ligne d’art de la table “Présance”, j’ai choisi la simplicité et la douceur. Je fabrique un émail gris très proche de la couleur du tesson, qui présente après une cuisson à 1280° des irisations et de discrets scintillements. La texture de l’émail n’est pas uniforme, certaines parties sont brillantes et lisses, d’autres sont soyeuses et veloutées. Ces différences de surface permettent un délicat jeu de lumière.

Moulage ou estampe, à chaque objet sa technique

J’utilise deux techniques différentes de façonnage pour donner corps à cette ligne. Pour les formes simples, comme les saladiers, les écuelles ou les bols, je façonne des contres-formes en argile à partir desquelles je réalise un moule en plâtre en deux parties. Une barbotine de grès est ensuite coulée dans les moules.

Les pichets, les théières et les passoires nécessitent plus d’attention : un travail de découpe, d’ansage et de perforation. Je réalise des plaques d’argile que j’estampe sur des contres-formes façonnées également en terre. J’obtiens des demies-coques que j’assemble, puis vient la pause de mes anses préalablement tirées selon une technique traditionnelle de potier qui consiste à étirer un colombin d’argile avec la main en mouillant la terre. Enfin vient la découpe des couvercles et les ajouts des becs réalisés eux aussi à la plaque.

Le Bleu, discret mais audacieux

La couleur n’a jamais été une intention à la base de mes créations. Elle se diffuse lentement au cours de ma recherche formelle et finit parfois par faire surface. Je la considère comme un paysage qui se révèle de manière exceptionnelle, c’est pourquoi elle n’apparaît pas systématiquement sur tous mes objets. La couleur est événementielle comme un ciel et infinie comme les profondeurs : les bleus se sont imposés spontanément. Comme une trace ils évoquent l’eau ou un fluide qui aurait été contenu dans une théière, un pichet, ou un bol. Appliquée sous les pièces, il faut attendre que l’objet soit vide pour que la couleur se révèle et il faut aller à sa rencontre en manipulant l’objet.

L’ouverture de l’atelier-boutique me permet désormais de partager ces savoir-faire à travers des cours et des stages. Si vous souhaitez en savoir plus ou participer, n’hésitez pas à me contacter.